Le commencement de la vie

Article écrit par Xanthippe Lazaridis : condensé de la série sur Netflix « Le commencement de la vie », en anglais « The Beginning of Life ».

Dans cet article très intéressant, plusieurs sujets sont abordés sur les toutes premières années de la vie :

  • Bébé fantastique (système nerveux, biologie, cerveau, être social,…)
  • Devenir parent (maman, papa, babyblues, c’est quoi ?)
  • Libre pour apprendre (comment, outils, apprentissage, émotions,…)
  • Enfant renié (attention, alimentation, vitamines, bien-être,…)
  • Il faut un village pour élever un enfant (soutien, société, école, rôles,…)
  • L’émergence du Soi (attachement, identité, désir, monde imaginaire,…)

Introduction

Un bébé qui nait, c’est comme la venue du mystère de l’univers. C’est une surprise pour toute l’humanité.

La première année de vie du nouveau né, c’est  la construction de la charpente d’une maison.  On construit la structure sur laquelle tout le reste va venir se greffer et se développer.

Les enfants apprennent plus dans les 3 premières années de leur vie qu’ils ne vont apprendre pour le reste de leur vie. Ils apprennent plus vite entre 0-3 ans, qu’ils apprendront entre 10 et 13 ans, ou entre 20 et 33 ou encore entre 30 et 33 ans.

Les pédiatres, les psychologues et la société moderne en général se préoccupent des premiers jours du bébé. Il s’agit d’une période critique pour le développement du cerveau et celui des relations de l’enfant avec la société.

Il y a des périodes critiques dans le développement du bébé/tout-petit. A ce moment, les structures cérébrales attendent que l’environnement leur montre comment agit cette culture.

Qu’est-ce qui se forme au cours des premiers mois ?

Qu’est-ce qui active le cerveau du bébé ?

C’est tout simplement la perception de soi.

Qu’est-ce que cela fait d’être moi ?

Qu’est-ce que ça fait d’être humain ?

Qu’est-ce que c’est que ceci, la vie ?

C’est la perception de soi qui se forme et la perception du monde.

Bébé fantastique

On a longtemps pensé que le système nerveux n’enregistrait que lorsque son développement était complètement terminé. Et bien en cours de transformation, il enregistre déjà.  Évidemment, il n’enregistre pas les mêmes choses que ce qu’il enregistrera quand il sera mûr.

Mais même en formation, le système nerveux enregistre les vibrations de l’environnement.

En fait, depuis l’utérus de la mère, le fœtus peut percevoir les différentes vibrations qui lui parviennent. Et il peut différencier les sons qui lui viennent de la mère et celle qui lui viennent du père. Et tout ça s’enregistre.

Lors d’une grossesse à terme, quand la mère est à 40 semaines de gestation, à la naissance, le bébé reconnaîtra la voix de sa mère.

On ne parle pas d’un simple être biologique. On parle d’un être tout entier.  D’un être biologique et psychosocial, même quand il est encore dans l’utérus.

Les bébés naissent avec des compétences extraordinaires leur permettant de pousser les autres à un investissement affectif.  L’odorat du bébé ne se retrouve plus chez les humains plus âgés.  Un bébé reconnaît le lait de sa mère parmi une centaine d’autres odeurs.

Le bébé connaît la voix de sa mère, le battement de cœur de sa maman.

Le bébé va donc se calmer au bras de sa mère car il entend un son familier.

Les bébés viennent dans le monde avec ce que certains appellent des préférences, et ils s’en servent dans leur développement. Ils reconnaissent les visages humains par rapport à d’autres formes. Ils sont attirés par « leur semblables ». Ce sont des créatures très sociables.

Ils apprennent avant tout en observant et en étant en interaction avec les gens qui se trouvent autour d’eux. Ils ont socialement besoin de nous et leur attention est attirée vers nous.

Ce qui est souvent perçu quand on regarde un bébé, c’est sa beauté, son innocence, sa candeur,… mais ce que nous ne voyons pas et qui est en arrière plan, c’est toute l’extraordinaire activité qui se passe dans son cerveau. Le cerveau d’un enfant de trois ans est deux fois plus actif que celui d’un adulte.  On a tendance à ne pas voir cette activité débordante, car le bébé ne s’exprime pas encore avec des mots.

« Pour moi, ces connexions neurales sont un peu comme des actions en bourse, comme des graphiques.  Plus on investit, plus on a des retours positifs. »

La prochaine fois que vous regarderez un bébé, sachez que dans son cerveau à chaque seconde, il réalise entre 700 et 1 000 nouvelles connexions.

Cela englobe toutes sortes d’expériences.  Les interactions physiques, les sensations du bébé, sa façon d’assimiler ce qui se passe, ce qu’il entend, ce qu’il voit. Tout ceci crée des connexions, au rythme de 700 à 1 000 par seconde.

Pour les bébés, ce qui serait fondamental pour favoriser un développement harmonieux de leur système nerveux, c’est de pouvoir les laisser rêver !

De leur donner la possibilité à travers la lumière, à travers les sons, de leur donner du temps !

Pouvoir laisser des respirations entre les obligations (te laver, manger, aller dormir à telle heure,…), les porter contre soi dans la douceur sans attentes, sans rien faire, leur donner la possibilité de sentir leur corps, et aussi tout simplement de sentir la nature, de sentir l’eau, l’herbe, les éléments, de contacter le monde avec leur sensations et avec leur propres émotions. Avec leur propre capacité à ouvrir ensuite à toutes les images qui les traversent.

On dit souvent que les enfants ont du mal à se concentrer. Mais en réalité c’est le contraire, ils ont beaucoup de mal à ne pas se concentrer.

Ils sont en réalité hyper sensibles à toutes les informations, à tout ce qui se passe autour d’eux. Ils prennent ses informations et s’en servent pour essayer de comprendre et de résoudre les problèmes qu’ils rencontrent.

On nous apprend que l’enfant est comme un vase dans lequel il faut remplir de l’information. Non ! Un enfant ce n’est pas ça. Ce n’est pas non plus un page blanche sur laquelle on écrit nos connaissances et notre savoir-faire.  Il est important de voir l’enfant comme un être qui peut nous apprendre des choses.

Il est très intéressant de regarder les enfants apprécier la nature car ils sont très observateurs.

L’esprit de l’enfant est totalement ouvert, spontané, dans l’attente de faire des découvertes.

Les tout-petits aiment répéter des nouvelles actions un nombre incalculable de fois… car ils ont cette volonté innée de maîtriser les choses.

Les bébés sont très occupés à essayer de comprendre la prévisibilité du monde. « Le monde fonctionne-t-il comme cela ? » Si je laisse tomber cet élément, que se passe-t-il ? Fera-t-il ce son ou un autre son ?  Parfois, ils expérimentent avec nous.  Si je fais cela, est-ce que ma mère s’énervera ? C’est pour cela que le tout-petit va toujours répéter les actions, encore et encore, jusqu’à ce qu’ils aient saisis ou compris les conséquences d’une action.

On oublie souvent en tant qu’adulte que les enfants apprennent en jouantEn répétant sans limite les mêmes actions encore et encore.

Sans oublier, que les tout-petits échouent la plupart du temps (marcher, manger seul, tomber, revenir en arrière,…) … On doit donc stimuler leur amour-propre et les faire se sentir bien pour qu’ils avancent dans la vie en essayant jusqu’à ce qu’ils y arrivent.

Les enfants avec beaucoup d’amour-propre sont prêts à prendre des risques pour apprendre de nouvelles choses, parce qu’ils peuvent se tromper, ils ont le droit d’échouer, et s’ils ont assez d’amour-propre, ils sont assez forts pour surmonter leurs échecs, rester curieux et vouloir explorer encore.

Il est important aussi d’accueillir la frustration comme faisant parti de l’apprentissage. Si à chaque fois que vous échouez un adulte vient et le fait à votre place, comment est-il possible d’apprendre ? Si tout est trop facile, on ne grandit pas. Il faut apprendre de la frustration et l’admettre comme faisant partie du processus d’apprentissage. Pour pouvoir accepter plus tard également la frustration qui viendra de tout façon vers nous sur le chemin de la vie. Si c’est trop difficile et il y a trop de frustration, ce n’est pas bon non plus. C’est l’équilibre entre le trop facile et le trop difficile qui est important.

Il y a plusieurs types de mémoire !

La forme la plus simple est la mémoire de reconnaissance (visage, voix).

Mais il y a un autre type de mémoire, qu’ils mettent plus de temps à développer, et qu’on appelle la mémoire de rappel. C’est quand son cerveau se souvient d’une chose qu’il a vue avant. On ne la reconnaît pas seulement dans l’instant, mais quand la chose est absente, aussi. On peut y penser quand elle est absente.

Le cerveau n’arrête jamais de se développer jusqu’à notre mort.

Si vous avez 100 ans et que vous apprenez quelque chose de nouveau, de nouvelles connexions se forment dans votre cerveau, si vous vous en souvenez le lendemain.

Pendant le développement, les développements (connexions des neurones dans le cerveau), les routes qui sont très utilisées sont maintenues et renforcées, et celles qui ne servent pas disparaissent. Adulte, il y a donc de grands boulevards pour aller d’un endroit à un autre, de façon très directe, mais il n’y a plus les petits raccourcis qu’on trouve dans le cerveau du bébé.

La neuroplasticité est la capacité du cerveau à changer avec l’expérience. Le cerveau des enfants est le plus malléable de l’univers. C’est l’outil le plus modulable qui soit, bien plus qu’une machine, certainement plus que chez les adultes.

Ceci est bon et mauvais !

Si votre vie est pleine de langage, de construction de relations, de compréhension sociale, de jeux et d’imagination, votre cerveau s’envole. Vous construisez des attentes liées à ces expériences.

Si votre vie est pleine de violence, d’expériences effrayantes, de dangers, de malnutrition, de manipulation, beaucoup de choses peuvent menacer le développement du cerveau. Alors vous fermez vos attentes ! Vous perdez votre joie de vivre et votre tendance à vouloir expérimenter toutes les nouveautés.

Donc durant ces premières années d’existence, vous pouvez faire évoluer ou limiter votre potentiel, en fonction de ce que vous avez vécu.

Les enfants ont besoin pour leur développement sain, un environnement stable et sécurisant, avec des personnes qui les aiment et qui prennent soin d’eux. L’amour est le contexte nécessaire pour que l’exploration et l’apprentissage se fassent.

L’affection est le ciment des liens qui ne périssent pas.

Le développement du cerveau est autant influencé par l’environnement que par la génétique. Les deux sont aussi important. Ce qui renverse complètement l’ancienne manière de penser des scientifiques.

Le domaine de l’épigénétique peut expliquer que les gènes qui affectent le comportement sont affectés par l’expérience, et il y a des groupes chimiques attachés à certains de ces gènes qui affectent l’expression génétique affectant votre comportement.

On a même découvert à travers des expériences faites en laboratoire avec des souris, que le schéma éducatif est la partie plus importante, plus que l’héritage biologique, en termes de partage de l’ADN et tout le reste.

C’est donc la même chose avec des humains qui ont manqué de liens affectifs. Biologiquement, ils ont du mal à savoir comment s’attacher aux bébés, parce qu’ils ne l’ont pas vécu, même s’ils ne s’en souviennent plus.

Ils aiment leur bébé mais ne savent pas comment les aimer.

Après une étude comportementale approfondie durant plusieurs années dans plusieurs domaines (apprentissage, langage, comportements,…) dans les institutions (orphelinats) de l’ancienne Roumanie, le constat est que ces enfants même placés vers 4 ou 5 ans dans une famille ont des troubles dus aux manques dans leur premières années de vie.

Quand on considère tout ce qui manque aux enfants élevés dans une institution, ce qui arrive en haut de la liste est une personne qui s’occupe de l’enfant et qui lui est entièrement dévouée.

Devenir parent

Au début, il faut apprendre à le connaître pour se synchroniser avec lui (bébé).

Il ne faut pas tout savoir. Ca se fait petit à petit.

Tout ce que l’enfant a besoin c’est de votre présence.

Tout ce qui était important avant devient puéril.

C’est à partir de cette connexion, ce regard profond que l’on échange avec notre enfant, que sa vie commence.

Les regards entre une mère pleine d’amour et son enfant portent une force cosmique. Et c’est à partir de cette interaction profonde, par ce regard, que l’enfant s’épanouit.

Tout dépend dans l’attitude des parents et du contexte : faire venir un enfant dans ce monde.

Attendez-vous que l’enfant comble un vide dans votre vie ?  Vous aviez un but et vous ne l’avez pas atteint. Et maintenant, vous y parvenez à travers cet enfant. Ou vous essayez de créer le meilleur environnement possible pour que l’enfant puisse développer son propre potentiel, le script de sa vie ?

Dans la vision chinoise, la vie commence au moment même de la rencontre entre l’énergie et la vitalité du père et de la mère. On pense qu’il y a d’abord un désir. Bien sûr entre l’homme et la femme, c’est leur Chi. Et ce désir porte non seulement leur hérédité mais leur vitalité du moment. C’est que les chinois disent « Quand les deux essences vitales se rencontrent on parle de l’esprit d’un nouvel être ».

Pour aider la femme enceinte à être totalement présente aux transformations qui la traversent, il faut d’une part lui assurer des conditions d’écoute à l’intérieur d’elle-même qui soient suffisamment bonnes… elle a besoin de dormir, elle a besoin de rêver, elle a besoin de s’allonger et de sentir son ventre, de sentir les choses qui se déroulent à l’intérieur d’elle. Et je pense que nous sommes dans une société essentiellement masculine où il y a une grande difficulté à respecter un vécu d’abord fondamentalement féminin.

La société considère la grossesse comme une forme de pathologie. Et parfois, c’est exactement le contraire. Certains voient la femme enceinte comme une femme qui ne fait rien à part son travail habituel. Mais la gestation est un travail difficile pour la vitalité, pour le corps, pour l’âme des femmes.  Mais on exige des femmes enceintes qu’elles fonctionnent intellectuellement, qu’elles raisonnent, qu’elles travaillent de longues heures, plus que le nombre d’heures qu’elles devraient faire.

Un tiers des femmes passent par le babyblues. Ce n’est pas une dépression mais des changements émotionnels, une turbulence émotionnelle, dont les symptômes ressemblent en partie à la dépression post-partum.

La dépression post-partum est beaucoup plus rare. 10% des femmes puerpérales en font l’expérience. Mais c’est un état beaucoup plus grave.

La dépression post-partum est un état très grave qui exige des soins médicaux. La mère peut bien s’occuper de son bébé, ce qui est encore pire, car quand elle s’occupe bien du bébé, son entourage ne remarque pas qu’elle est déprimée. Elle est efficace.  Un manque d’efficacité est une bonne chose, car cela alerte sur l’état de la mère. 

Dans des cas plus rares, il existe aussi la psychose post-partum. La psychose post-partum ne concerne pas des sautes d’humeur d’une femme qui se sent triste.  Il s’agit de pensées que la mère, très souvent, ne s’accrédite pas, et qui semblent lui venir de l’extérieur. Ce sont des cas beaucoup plus inquiétants. Si on ne le décèle pas, la mère peut s’en prendre au bébé, car elle n’arrive pas à séparer ses pensées de la réalité.

Pour un père, il ne s’agit pas d’aider la mère mais de s’occuper de son enfant. C’est ainsi qu’il construit le lien avec son enfant pour la vie.  Le lien se crée à travers la présence du père.  Assumer sa responsabilité, ce n’est pas aider la mère, c’est être présent dans la vie de l’enfant. 

Le rôle du père est un dilemme pour les femmes.  Elles se plaignent souvent de l’absence du père.  Mais elles ne laissent pas de place au père, parce qu’elles pensent que la façon dont le père s’occupe de l’enfant va à l’encontre de leur façon de faire.  Comme si il n’y avait qu’une façon.  Qu’il y avait une bonne et une mauvaise façon.  C’est justement la différence qui est appréciable et bonne. Le rôle du père est différent mais fondamental. Son rôle est de montrer à l’enfant qu’il existe tout un monde à l’extérieur, au-delà de la mère. Et de libérer la mère pour qu’elle retourne à sa vie.  Ce sont des fonctions. Mais le débat est ouvert pour savoir qui les remplira. Par le passé, il n’y avait pas de débat. C’était clair.  Mais aujourd’hui, d’autres personnes peuvent prendre ces rôles. 

Libre pour apprendre

A leur naissance, les bébés font la distinction entre les sons du langage qu’ils ont entendu et les sons d’un autre langage.  Ils voient et entendent déjà, ils réalisent ce qu’il se passe autour d’eux. 

Les gens souvent demandent : Quand est-ce qu’un bébé commence à entendre ? Quand est-ce qu’il voit exactement ?  Ou bien ils envisagent un début d’apprentissage avant l’école.  Mais c’est faut ! L’apprentissage débute dès la naissance.

Ce qu’on observe lorsqu’on voit un enfant se rendre en maternelle… et être curieux et avoir envie d’apprendre, c’est un enfant qui a eu des expériences positives avant même d’entrer à l’école.  Ses parents l’encourageaient, le stimulaient, il était dans un environnement sûr. On a pris soin de sa santé, on l’a bien nourri. Cet enfant arrive avec un éventail de compétences, d’intérêts pour la vie, l’exploration, le jeu, l’interaction sociale ludique avec les autres, qu’un enfant qui n’aurait pas eu ces expériences n’a pas. 

Un proverbe chinois dit que les parents sont les meilleurs enseignants pour leurs enfants.  En tant que tels, leur comportement, leur façon de s’exprimer et leur façon de réagir au monde extérieur aura une influence considérable sur leurs enfants. 

Si on pense qu’il n’y a rien du tout à faire avant 3 ans et que vous les mettez à la maternelle à 3 ans… il est trop tard ! Vous avez manqué la partie la plus importante du développement du cerveau qui fonctionne grâce à la stimulation.  Je pense que la stimulation de l’enfant à domicile et le conseil aux parents sont nécessaires pour s’assurer qu’une fois à l’école, l’enfant est prêt pour l’école et les écoles sont prêtes à l’accueillir.

Les enfants apprennent à apprendre dès le moment où ils naissent.  Ou même avant, ils commencent à apprendre dans le ventre de leur mère.  On pourrait définir cet apprentissage comme informel. Il se fait à travers la découverte, l’exploration, en pensant avec ses mains, en combinant différents aspects et en créant de nombreuses possibilités d’expression libre.  Cet apprentissage informel est crucial pour que l’apprentissage formel puisse s’installer par la suite. En d’autres termes, un enfant qui joue correctement à la crèche et qui prend part à ces processus symboliques est un enfant qui pourra aussi apprendre à lire et à écrire.  Mais ils n’apprendront pas si on ne leur a pas fourni un environnement de qualité pour exprimer ces processus informels.

Les enfants apprennent énormément de choses mais ce sur quoi ils apprennent le plus dès leur plus jeune âge, c’est ce qui se passe dans la tête des gens qui les entourent.  Il y a eu de nombreuses recherches depuis le milieu des années 80’ pour découvrir ce que savent les enfants, quand et comment ils apprennent sur les gens qui les entourent.  Car si on y réfléchit, si on observe les gens autour de soi, ce qu’on voit, ce sont des sacs de peau fourrés dans des morceaux de tissus avec des points en haut bougeant d’avant en arrière et un trou en dessous duquel s’échappent des bruits.  Mais ce n’est pas comme cela que l’on voit les autres.  On voit des personnes qui ont des émotions, des pensées, qui veulent et qui croient en des choses.  C’est ce grand puzzle philosophique : comment peut-on savoir ce qui se passe dans la tête de quelqu’un ?

On pense que les émotions sont capitales pour les bébés.  Betty Repacholi et Andrew N. Meltzoff, Ph. D., ont réalisé une étude intéressante qu’ils ont appelé Ecoute Emotionnelle. 

Voici un bébé de 18 mois qui observe. L’adulte utilise un bâton pour appuyer sur un bouton et faire un joli bruit. Les enfants adorent ça.  Et de nombreuses études ont montré qu’en donnant le bâton au bébé, il va immédiatement le saisir et va vouloir reproduire le son.  Mais pour cette nouvelle étude, on a fait venir une adulte, prénommée Nina, et Nina a regardé le premier adulte presser le bouton avec le bâton, puis elle s’est énervée contre l’adulte. Pas contre le bébé, mais contre l’adulte.  Comme si c’était une action interdite dans cette culture. Le bébé a ouvert grand les yeux : comment un adulte se faisait réprimander par Nina (un autre adulte).  Ensuite, on a donné le bâton au bébé ainsi que le buzzer pour appuyer dessus et le bébé a ramassé le bâton, et a regardé Nina qui était énervée, a baissée les yeux, a regardé Nina à nouveau et n’a finalement rien voulu faire. Ils ne voulaient pas parce que la personne qui a montré sa colère lorsque l’action a été effectuée était désormais en train de les regarder. Et le bébé ne voulait pas que l’adulte se fâche contre lui. 

Pour de nombreux animaux, vous devez les récompenser ou les punir directement. Vous devez dire directement à eux, c’est bien ou c’est mal.  Pour un bébé humain, pas besoin de le faire directement à l’enfant. Ils peuvent observer la façon dont un être humain en traite un autre et en tirer un apprentissage.  C’est ce qui accélère grandement leur apprentissage du monde.

Nous pensions que les émotions et le traitement social étaient distincts des capacités cognitives : la résolution des problèmes, les maths et le langage.  On se disait donc « Il doit s’agir de 2 parties différentes du cerveau qui ne sont pas liées ».  Le travail novateur que l’on réalise en science du cerveau et du comportement sert à montrer combien tout ça est intimement lié !

C’est comme si le cerveau social enclenchait d’autres capacités ou les éteignant selon le contexte social.  Par exemple, nous avons confronté des bébés américains monolingues à de nouvelles langues.  Dans une série d’expériences, on les a exposés au mandarin et dans une autre, à l’espagnol.  Nous essayions de savoir si, à neuf mois, ces bébés pouvaient acquérir la capacité de faire la différence entre les sons.  Peuvent-ils acquérir des modèles sonores appropriés pour des mots dans ce nouveau langage ou pas ?  Et l’on a découvert que dans un environnement social normal, agréable, quand les orateurs en langues étrangères, des étudiants diplômés de mon laboratoire, étaient au sol pour jouer avec les enfants pendant 12 sessions, chacune durant 25 minutes, les enfants ont énormément appris entre 9 mois et 10 mois. 

Ils ont tellement appris des sons du mandarin ou de l’espagnol qu’ils avaient des capacités équivalentes aux enfants des pays étrangers qui eux entendent ces sons depuis 10 mois consécutifs. Si les sons viennent d’un cadre social, de la façon classique dont se fait l’apprentissage en général, ils apprennent extrêmement bien. 

Chez un autre groupe de bébés ayant reçu les mêmes informations aux mêmes heures, dans la même salle, tout était parfaitement identique sauf que ça provenait de la TV, les bébés n’ont rien appris.

Il n’y a donc que les expériences sociales en public qui ont fourni aux bébés et à leur cerveau les informations pertinentes au bon moment de leur développement.

Les gens pensent, de manière générale, qu’il est mieux pour les enfants d’interagir avec les gens et les objets qui les entourent. Avoir de vraies personnes autour de vous avec qui parler, et être en contact, est le meilleur des jouets pour les enfants et celui dont ils apprendront le plus

Trop d’écrans entrainent une perte d’observation de l’enfant vers l’adulte, de qui il devrait le plus apprendre. Une tablette à table pendant que les enfants mangent ; ils sont rivés sur l’écran, ils n’observent plus comment les adultes mangent, se parlent, se comportent. C’est donc une perte de l’observation.

De nos jours, les enfants naissent et grandissent avec Internet. Il n’y a pas de retour en arrière possible.  Alors que doivent faire les parents ? Si le monde fonctionne désormais de cette manière, les parents doivent les aider, apprendre à leurs enfants à faire avec. Alors oui, il y a des règles. Combien de temps… tv, tablette, autre instrument électronique. 

Les petits enfants sont nés pour être liés à la nature, à connaître l’émerveillement et la magie du monde en trois dimensions gravés dans leur cœur et leur tête. Aucun écran ne remplacera la brise, la douceur du matin, l’émerveillement du lever de soleil.

L’important c’est de valoriser les relations entre les enfants. Ils sont les promoteurs de leur propre apprentissage.

Quand les enfants jouent entre eux, c’est expérimenter le monde, comme un scientifique fait des expériences pour découvrir le monde.

Le premier instrument d’expérimentation du tout-petit c’est son corps. Les bébés explorent la vie à travers leurs sens. Le jeu consiste à se découvrir eux-mêmes et à découvrir les autres. Puis les objets que l’on met à sa disposition. Le jeu fait partie intégrante de leur développement. A travers le jeu, ils vont entrer dans le monde, fabriquer leur comportement, comprendre le monde et aussi le créer.  Jouer ne permet pas simplement le processus de développement, c’est le processus en lui-même. Notre cerveau aime jouer.

A travers le jeu à trouver de nouvelle façon de faire, innover, imaginer, construire, détruire, refaire, inventer, processus d’être innovateur, apprendre des erreurs, apprendre sur nos limites, rencontre des autres et de leur individualité,…

L’important n’est pas toujours d’avoir l’information, mais de laisser l’enfant s’approprier le processus de découverte de l’information. Ainsi ils apprennent avec leur tête, avec leur sentiment… le processus pour arriver à une solution en prenant aussi les idées des autres. Apprendre qu’il n’y a pas seulement une réponse mais des réponses car tout le monde ne pense pas la même chose…

Tout processus s’inscrit dans une série de correspondance comme le mental. L’apprentissage se fait petit à petit comme le mental en associant les choses et les événements. Relations entre les choses, les formes, les couleurs, les sentiments, les fonctions,…

Et l’on dit qu’au travers de ces liens, tandis qu’ils découvrent et bâtissent ces rapports, le sens de l’éthique et de l’esthétique fait son apparition.

Avoir conscience de ces rapports, de ces liens, découvrir les bons rapports, les belles relations qui lient les choses vous permet de voir la beauté qui rassemble ces choses.

Trouver des environnements agréables, beaux,… non simplement pour leurs aspects purement esthétiques, mais pour faire valoir la beauté dans l’implication et l’attention que l’on donne aux choses, aux événements, aux personnes. Ex : donner un jus de fruit… la manière avec laquelle vous aller présenter ce jus à l’enfant fera toute la différence dans son appréciation et dans l’imprégnation qu’aura cette expérience sur lui.

Montrer la pomme, l’orange avant de la presser… je  t’offre aussi de la beauté, de la bonté, de l’amour,…

Pas la banalité, la vulgarité,… tout est lié ! Tout est un ! Il n’y a pas de séparation entre les choses, nous sommes tous unis et tous interdépendants de tout. Tout est beau, je t’offre du beau, je te parle beau,…

S’émerveiller avec l’enfant de tout cela, c’est lui offrir l’amour de la vie.

L’environnement est le contexte de l’apprentissage. Et cet environnement est malléable tout le temps et fera l’objet de changements perpétuels par l’adulte et par les enfants pour permettre que cet apprentissage soit toujours un jeu, un contexte pour se transformer, s’apprendre, se découvrir, se réinventer, créer, se lier aux autres,…  C’est dans cet environnement, que les enfants peuvent se reconnaître. Car cet environnement est enrichi de tout ce que les enfants ont pu lui apporter, créer, former.  Ils ont alors le sentiment d’être les héros de ce paysage dans lequel ils vivent.

On construit sans cesse des significations que l’on trouve dans notre vie, dans notre culture, dans nos désirs, dans notre éthique, et c’est cela que nous pouvons échanger avec nos enfants.

Nous le savons l’environnement joue un rôle important lorsque l’enfant grandit, surtout lors de la période psychologique embryonnaire pour les enfants âgés de 0 à 3 ans.  Durant cette période, nous espérons que l’enfant ne reçoive que de la gentillesse et des signaux positifs. Si nous mettons en place un environnement harmonieux l’enfant va grandement en tirer profit. L’enfant s’approprie l’environnement et les interactions qui en découlent, ce qui construit leur cerveau et leur cœur.

Le développement des dimensions physique et spirituelle n’est pas éparé de la dimension du développement cognitif.  Ces dimensions sont intimement liées. De ce fait, il n’y a jamais de dimension de l’apprentissage, de la construction de la connaissance uniquement cognitive. L’aspect cognitif est toujours lié au « connaître avec ses mains », avec son corps, avec ses sens et ses émotions, qui sont toutes des dimensions de la connaissance.

Le langage au-delà des mots est important, car les enfants apprennent principalement à travers l’action, en faisant. 

Si tu donnes du beau, tu recevras du beau, tu donnes de l’affection, tu recevras de l’affection…

Enfant renié

Les enfants sont faits de leurs rêves autant qu’ils sont faits de leurs histoires et leurs affections.

Nos rêves sont notre volonté de vivre. Ils sont une direction, une signification, une inspiration.  Les enfants en ont besoin pour leur avenir. Les rêves nourrissent leur vie. Les rêves leur font voir les avenirs possibles. Voilà pourquoi ils ne devraient jamais perdre leur aptitude à rêver.

La négligence est le contraire de fournir aux enfants l’environnement propice à leur développement. On voit de nombreuses formes de négligence. On la voit survenir quand l’enfant est dépourvu de ses besoins essentiels. De nourriture, de nutrition, de santé.

On voit la négligence quand ses besoins d’hygiène ne sont pas satisfaits, et qu’on voit une augmentation des maladies occasionnant des diarrhées.

La négligence est quand ils restent seuls, que personne ne leur parle, ne leur chante de chanson, ne les écoute, qu’ils ne se sentent pas aimés.

Il y a de nombreuses formes de négligence.

Pourquoi et en quoi la négligence nuit tant aux enfants vient de ce que son environnement l’aide à devenir qui il sera !

Plus on met dans son environnement, plus on le rend positif, plus on le rend épanouissant et aimant, mieux se portera l’enfant.

Plus il en est privé, plus il sera privé de cette stimulation, de ces opportunités en devenir.

La négligence est encore plus marquante dans les premières années de la vie, quand le corps et le cerveau réclament cette interaction. Qu’ils réclament pour cette contribution.

Le cerveau commence à se former quelques semaines après la conception. Au cours des neuf mois de grossesse le cerveau se développe de façon qu’à la naissance à terme, ce cerveau ressemble remarquablement à celui de l’adulte, mais plus petit. Le problème est que si le cerveau reçoit alors de bonnes expériences (de bons soins, des stimulations, le langage,…) alors le développement du cerveau sera vraisemblablement normal.

Mais si le cerveau en est privé ou s’il en reçoit de mauvaises, il sera vraisemblablement anormal.

L’enfant dont le développement est menacé, est un enfant qui vit dans des situations difficiles. Pas avec une mauvaise journée possible, mais chroniquement, des jours, des semaines, des mois, des années avec très peu d’interactions positives. Où le niveau de stress est très élevé, surtout là où règne une pauvreté extrême, dans des environnements violents, ou à cause de maladies mentales graves, comme la dépression ou la toxicomanie, où on n’a pas le temps de penser à la semaine prochaine, à demain.  Et où le foyer est très désorganisé, pas parce que les parents ne les aiment pas, mais car ils sont dépassés par leur situation.

Quand le premier besoin vital n’est pas assuré… comment peut-on penser à autre chose que la nourriture ?

Tous les parents veulent la même chose… le meilleur pour leurs enfants. Où que vous soyez, à qui que vous posiez la question en tant que parents… ils vous diront tous la même chose.

Ils veulent tous créer un environnement propice à un bon développement.

Souvent, en tant que société, on échoue à soutenir les parents dans cette fonction. On échoue en ne leur fournissant pas le soutien dont ils ont besoin pour leurs enfants.

C’est alors qu’on observe la création d’un environnement toxique pour l’enfant.  Des niveaux élevés de stress, de conflits, le manque de nourriture, de réconfort.

On sait que tout ça contribue à faire un environnement toxique, car il ne permet pas à l’enfant de développer tout son potentiel. Ca empêche sa croissance et son développement. 

Pour un bébé (nouveau né), le sentiment de faim est une menace vitale.  Cette perception que quelque chose va mal déclenche l’alarme des pleurs. Si le bébé a une mère ou un adulte qui s’occupe de lui, qui sait reconnaître ce que signifient ces pleurs, et remédie à ces besoins, le bébé développera un souvenir de satisfaction. Les taux d’hormones de stress diminuent et le cycle se poursuit.  Si ce n’est pas le cas, le nouveau né gardera dans son corps plus longtemps les hormones de stress, ce qui est toxique.  Petit à petit, l’enfant devient irritable, léthargique, il perd du poids, ainsi que des synapses cérébraux.  Le processus de ramification qui permet le contact entre différentes régions du cortex cérébral sera endommagé pour l’enfant vivant dans de telles conditions.

Si l’enfant grandit avec un taux très bas de fer, vitamine A

Le manque de vitamine A peut affecter la vision.  Si le manque est trop grand, les enfants peuvent devenir aveugle. Le QI est considérablement diminué chez les enfants, déficients en fer, souffrant d’anémie. 

Les problèmes de cette ampleur (bidons villes, grandes pauvretés,…) ont tendance à être transmis d’une génération à l’autre, car la manière d’être parent est très influencée par la manière d’agir de ses propres parents.  Le talent, la capacité des adultes à fournir un environnement sûr et stable pour les enfants dépendent du fait qu’eux-mêmes ont pu être élevés dans un environnement sûr et stable.  Donc, un certain moment, ce cycle doit être brisé. La science nous dit qu’on ne peut pas contourner les adultes.

Ce transfert intergénérationnel de la malnutrition est très difficile à briser.

Il y a 30 millions de mots en moins, à l’âge de 4 ans, que les enfants dans les familles pauvres entendent, par rapport aux autres enfants.

Quand on compare ces résultats aux études du cerveau qu’on a faites, on voit des changements systématiques dans les zones du cerveau responsables du langage, de l’alphabétisation. Ces régions sont moins spécialisées dan le langage e l’alphabétisation selon les opportunités pour apprendre.

Si un jeune enfant entend 30 millions de mots de moins qu’un autre, il ne part pas sur un pied d’égalité. 

Il faut aider les mères ! avec beaucoup d’empathie.

On remarque que les enfants très violents, avaient de la violence chez eux. Soit ils étaient témoins d’actes de violence, soit ils en étaient victimes.  La famille est un modèle pour l’enfant.  Si dans une famille on s’insulte, on se frappe, on se maltraite, ce sera tout ce qu’il pourra reproduire. Et c’est horrible. 

Il faut donc travailler avec la mère, la famille pour restaurer leurs liens.

Frapper, fesser un enfant, c’est un jeu de pouvoir. Je suis plus grand, plus fort et tu es petit, tu es jeune. Tu ne peux pas te défendre. JE peux te fesser. … C’est infliger une douleur. C’est le mot-clé.

L’enfant grandit avec cette information :

Quand on est pas content de quelque chose, quand les choses ne se déroulent pas comme on le veut, on peut utiliser la violence pour que l’autre fasse ce que nous voulons qu’il fasse.

Quand on agit autrement avec l’enfant, et on ne frappe pas… alors l’enfant grandit avec ceci comme message :

Quand on est pas content de quelque chose, quand les choses ne se déroulent pas comme on le veut, l’autre peut avoir fait une erreur ou n’est pas d’accord avec vous, on peut toujours discuter pour arranger les choses. La contrainte n’est pas ici une issu. Le dialogue est toujours une solution à tous problèmes.

Les enfants sont les êtres les plus sincères du monde.

La plupart des choses qu’ils disent, 90%, c’est la vérité.

C’est pour quoi nous devons écouter les enfants. C’est que très souvent, c’est la vérité. 

Reconnaître que l’enfant a une voix, qu’il a besoin d’être entendue, que le dialogue est nécessaire, est un des problèmes fondamentaux de l’enfance.

Elle doit être écoutée et prise en considération. 

La science dit que nous ne pouvons pas aider les enfants sans aider les adultes qui s’occupent d’eux, car les enfants ne sont pas aidés par des programmes, mais par des personnes.

Au final, c’est un problème de toute la société.

Même si moi j’éduque bien mon enfant… je ne suis pas responsable des autres… mes enfants vont grandir et seront en contact avec d’autres adultes qui … Nous sommes nous dans une même réalité. Et la réalité du tout, c’est l’ensemble des individus.

En fin de compte, c’est un problème de la société… car les conséquences de ne pas pourvoir aux besoins des enfants coûtent très cher à la société.

Le fait est qu’une grande partie de la croissance économique de la société dépend des talents, des aptitudes, des capacités des personnes dans cette société.  Le fait qu’on développe des compétences, tôt dans la vie, signifie qu’on est capable de mieux participer dans chaque activité, plus tard, dans le cycle de la vie. 

L’étude qui a été faite en Jamaïque examinait l’apport de compléments, tôt dans la vie. Enfants entre 9 et 24 mois qui étaient chétifs.  Ils vivaient tous dans des bidonvilles, en Jamaïque.  On a administré des suppléments alimentaires, et encouragé les interactions entre parents et enfants (stimulations cognitives, sociales, émotionnelles). On a observé d’énormes changements positifs à l’âge de 22 ans…

Plus d’études, moins de criminalités, plus à même de voyager et vouloir émigrer vers les Etats-Unis,… Les revenus étaient bien plus élevés.

Au Brésil, un homme incarcéré coûte au gouvernement à peu près 8 000 € par an.  Si 100 enfants reçoivent l’investissement dans leur petite enfance, ça aura un impact énorme sur le taux de criminalité, et ça représentera une économie énorme, comparée à garder un détenu en prison.  Ca rembourse largement l’investissement.

Il s’agit d’un investissement. On dépense un peu maintenant, mais le bénéfice futur est très grand.

On a trouvé, en considérant des objectifs limités, comme le salaire, l’emploi et des choses comme la criminalité, on a découvert que chaque dollar investit, le revenu, au cours de la vie, était de 7 dollars, ce qui est un bénéfice très élevé.

Quand on investit dans la petite enfance, on améliore la société pour un mieux.

Il faut un village pour élever un enfant

Il faut recréer ces communautés de soutien autour des mères !

Soutenir les parents à élever leurs enfants en tant que communauté, en tant que société et en tant que pays.

Pas uniquement des soutiens en terme d’éducation et de nutrition, mais aussi par des stratégies culturelles, des espaces où une mère peut se sentir soutenue, même sans qu’une famille l’entoure.

La maternité est idéalisée et fantasmée à l’heure actuelle. Les femmes veulent tout accomplir parfaitement. Et leur carrière professionnelle, et leur foyer, et leur vie de femme, et leur rôle de mère. Souvent tout ça sans l’aide de la famille qui ne vit plus sous le même toit, voire pas à proximité. Alors, elle idéalise le rôle qu’elle doit tenir avec son enfant et souvent elle en souffre par culpabilité de ne pas être à la hauteur.

On ne peut pas tout mener de front sans rien vouloir perdre. Il y a des choix à faire et ces choix passent par des renoncement ou des adaptation.

Et puis, la maternité n’est pas un choix uniquement individuel. Il est le fruit d’une communauté, de la société tout entière.

Le rôle des femmes change. Il a évolué car maintenant elle travaille. Aujourd’hui, être mère n’est pas la seule fonction reconnue chez une femme. Mais malgré cette évolution du rôle que joue la femme dans la société, elle reste coincée dans le modèle d’une maternité très idéalisée.

On demande si la maternité et les autres projets de la femme sont compatibles. Oui, ils le sont. Tant qu’on repense notre façon de voir la maternité. Les bébés ne sont pas élevés que par leurs mères. Ils sont élevés par leur culture, leur groupe social.

C’est ce que les femmes doivent revendiquer : un peu plus d’aide d’autrui pour s’occuper des enfants.

Le plus gros problème actuellement est l’isolement des mères quand elles sont exclusivement en charge de leur bébé. C’est un problème social.

On ne peut pas s’occuper d’un bébé sans un réseau de soutien !

Que ce soit la famille, les voisins, ou la communauté.

L’isolement est très nuisible chez les êtres humains.

On vit par le langage, le contact et la compagnie.

Grâce à l’implication des pères à présents les choses ont tendance à changer.  Ces nouveaux pères développent des compétences émotionnelles que les pères d’avant n’avaient pas. Les hommes ne savent peut-être pas nommer les aptitudes internes qu’ils développent.  Mais si on devait en identifier quelques unes, je dirai que c’est la joie, la compassion, une certaine ampleur, un sens plus profond de ce que c’est d’être humain, et d’amener un être à la vie.

C’est bon pour la mère, c’est bon pour l’enfant et c’est bon pour la société.

Les hommes qui passent du temps avec leurs enfants libèrent des hormones qui les rendent plus heureux, qui rendent leur cerveau plus neuroplastique, qui permettent au cerveau de changer, de changer rapidement.

Le congé de maternité est essentiel !

C’est dans les pays comme le Danemark, Finlande, Hollande que le sein est plus donné. La politique y a contribué. Cela a commencé en 1970 en interdisant les pubs pour les poudres, en rendant l’hôpital plus accueillant pendant les accouchements, en payant l’entièreté du salaire aux congés de maternité et de paternité !

Comment peut-on penser à l’essor d’une civilisation sans tenir compte du début de la vie d’un être humain ?

Un économiste, D.H. Robertson : « on doit tout faire pour ne pas dépendre de l’amour car c’est une denrée rare ». Aucun transaction n’implique l’amour quand vous acheter quelque chose, cela ne dépend pas de l’amour entre vous et le client/vendeur.

C’est faux !

Il y a un domaine où il y a une énorme quantité d’amour.  Je crois que Robertson a omis de songer que la mère… Cette notion que le capital humain investi dans l’enfant, dont la plus grande partie est la mère… Cet amour est une partie importante de l’économie, et il n’est en général pas entièrement reconnu dans la société actuelle.

Une des grandes solitudes du monde est la perte de la communauté. Les enfants en ont besoin.  Ils ont besoin d’autres enfants, d’autres personnes. 

L’enfant appartient à la communauté. En réalité, il appartient à toute l’humanité.

Parler à d’autres mères, en tant que mère, m’aider de manière énorme. Même via les réseaux sociaux ! Elles me font voir d’autres possibilités, elles enrichissent ma façon d’appréhender la vie…

Finalement, à travers ces applications virtuelles que sont les réseaux sociaux, nous passons d’un monde virtuel à un monde réel.

Evidemment, ces échanges doivent être sans jugement car toutes les femmes ne vivent pas les mêmes réalités. Il y a des mères qui allaitent et dorment avec leur bébé, d’autres qui donnent déjà le biberon,… Tout doit se passer sans jugement issu d’un idéal sublimé. Les femmes doivent s’entraider dans ce cadre en étant compatissante…

Il faut un village pour élever un enfant : ceci ne veut pas dire qu’il faut beaucoup de monde pour élevé un enfant. Cela veut dire qu’on vous aider à élever votre enfant au sein d’une communauté. 

L’école (la crèche, la maternelle) ne peut pas se permettre de n’avoir une éducation qu’à l’intérieur. Notre attention devrait s’étendre vers un dialogue avec les parents, qui peuvent tant nous dire. 

Mais également, une ville, une communauté, qui devrait accueillir les enfants.

Les écoles de Reggio ne s’occupent pas que des enfants. Elles le font très bien, mais Malaguzzi dit que l’école comprend 3 éléments : les enfants, les profs et les parents. Et ils sont égaux.  Tous les trois travaillent pour l’éducation.

La ville de Reggio Emilia a manifesté sa vocation éducative il y a bien longtemps.  A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, après la libération, une communauté, à Reggio Emilia, a décidé de reconstruire son sens de la liberté, de la communauté, en commençant par la construction d’une école pour les tout-petits.

Avec des débris des bombardements, une brique après l’autre, ils ont bâti une école, et les autres ressources venaient de la vente d’un tank allemand.  Cette école, qui est encore ouverte, a une inscription sur ses murs : « Nous, hommes et femmes, ensemble, avons érigé les murs de cette école car nous la voulions neuve et différente pour nos enfants ».

Notre intuition était de reconnaître les plus petits comme des citoyens à part entière d’aujourd’hui, et non seulement du futur.  Quand les enfants naissent ils sont des citoyens. L’école n’est pas une préparation pour la vie. C’est la Vie !

Reggio Emilia est une ville qui  a naturellement grandi, s’est éduquée, s’est habituée à accorder une attention, une sensibilité particulière, à la culture de l’enfance. Du coup, l’éducation est devenue notre facteur distinctif primordial, et notre compétence, ici à Reggio Emilia. On guide aussi un développement modèle, une façon d’interpréter la relation entre l’économie et la société, et entre les sociétés et les gens. C’est une idée de ville bâtie autour des enfants, qu’on a réalisée peu à peu.

Tout d’abord, beaucoup de ressources furent allouées à l’éducation.  Notez que d’un budget annuel  de près de 130 millions, l’école pour les enfants entre 0 et 6 ans reçoit quelques 22, 23 millions.

Une partie importante de notre budget va vers les 6 premières années de la vie de nos enfants.

Bien sûr, il en résulte des difficultés annuelles pour équilibrer nos finances, et l’investissement dans d’autres domaines est impossible.  Mais c’est un choix politique, pas seulement de la part de la municipalité, mais que la ville en son entier a fait et maintenu historiquement depuis 50 ans.

Dans ce processus, il est important que les parents soient les parents de leur enfant, mais qu’ils deviennent des parents qui peuvent s’occuper, s’impliquer, s’intéresser à d’autres enfants, également, dans le groupe auquel ils appartiennent, l’école et la ville. Il s’agit donc d’un processus de croissance civile, culturelle, et sociale. 

On définit habituellement la crèche et la maternelle comme des labos d’émancipation culturelle et démocratique. Et ce sont des processus importants, non seulement pour les personnes concernées, mais pour la communauté entière qui obtient le capital social en retour.

Est-ce que l’univers est amical ?

Si on imagine la naissance, ce doit être la question que le bébé se pose. On arrive dans ce monde tout nouveau.  « Où suis-je ? Est-ce amical ? Cet environnement est-il hostile ? »

Pourquoi, sachant ce qu’on sait sur l’importance des premiers temps de l’enfance… C’est si important pour la réussite de leur avenir, pour leur QI, pour leur santé future. Si c’est tellement important, pourquoi fait-on comme si ce n’était que le boulot de la mère de s’occuper de ce bébé ? Ou juste celui de la famille ?  Pourquoi ne pas dire : « Ca devrait être le travail de la société entière » ? Pourquoi n’est-ce pas le travail de nos gouvernements ? Pourquoi aider à protéger ce petit bébé n’est pas le travail de l’industrie ? 

C’est un problème de systèmes.  Celui de l’alimentation, de la santé, le système éducatif.  On a besoin de changements fondamentaux pour s’adresser à nos citoyens les plus jeunes dans ce monde. 

Si on sait que la volonté de vivre de l’enfant provient du regard aimant, cosmique, entre la mère et l’enfant, entre le père et l’enfant, et que ça commence au début de la vie, pourquoi ne pas investir tout ce que nous avons dans cette période de la vie ?

Pourquoi le gouvernement, pourquoi la société, pourquoi les parents n’investissent pas tout dans le début de la vie ?

Une culture qui honore l’enfant serait celle dans laquelle un système centré d’abord sur l’enfant guide les décisions politiques.  Il faut mettre les enfants au cœur d’une révolution de compassion qui  balaiera le monde.

L’émergence du Soi

Activation du diaphragme au premier inspire ! à la naissance.

Il devient un intermédiaire direct entre la terre et le ciel… le souffle et la nourriture.

L’identité… Qu’est-ce que c’est ?

Le bébé dès sa naissance a le potentiel de devenir un sujet, de développer son identité dès la première année.

Selon les Indiens, dans l’ancienne sagesse, on dit que l’identité du « Je » en tant que sujet n’apparaît qu’entre 3 à 5 ans.

Dans ce reportage, on dit qu’il peut arriver à l’âge d’un an, voire même au cours de la première année.

Peut-être je ne parle pas de la même chose !?

Voyons…

A l’intérieur de l’utérus, tout fonctionne comme un potentiel organique. Le bébé a une mémoire, il peut voir autour de lui. Les sens de l’ouïe, du goût et de l’odorat sont déjà développés. Tous ces potentiels organiques font que le bébé est déjà un sujet. Et cela grâce à la relation particulière que le

Bébé établit avec son entourage proche.

Mais ce potentiel organique ne garantit pas la relation à venir. Il faudra faire davantage que de contenter ses besoins organiques.

Initialement, l’enfant a été rattaché au corps de la mère et a eu un contact direct avec elle. Il s’alimentait à travers le cordon ombilical. A la naissance, l’enfant doit se débrouiller tout seul.

Cette séparation qui a lieu à la naissance est un trauma… mais ce trauma peut se vivre de manière très belle… car elle invite à une reconnexion !

Percevoir ce lien si fort est plus facile que d’en parler, mais on peut le définir comme un attachement intime entre deux êtres vivants, qui est très intense et ce, dès la naissance.

Et dont le but ultime est de protéger le nouveau-né.

Ce lien rendra la mère complètement dévouée à son enfant. Et la réponse à ce lien si fort, c’est l’attachement.

Ce lien se construit à travers l’envie d’une relation intime, de rencontrer l’autre, de le connaître.

Le lait maternel est entre autre riche en acides gras saturés. Ceci colonise et améliore le système immunitaire. C’est comme une vaccination naturelle contre les maladies, contre les perturbations lors du développement.

Les premiers signes d’affection se transmettent par la nourriture. Le lait maternel satisfait la faim effective, mais aussi affective du bébé.

L’allaitement est un moment privilégié. La mère est la première personne humaine à rentrer en contact avec l’être (le bébé). La relation que vous développerez avec votre mère déterminera l’univers dans lequel vous allez atterrir, et le soutien que vous recevrez d’autrui.

Toutes les expériences sont intégrées par le cerveau du bébé. (pas uniquement le cerveau !)

Ils apprennent à se connaître et à apprendre ce qui les entoure, et qui les entoure.

Pour le développement de l’enfant en général, mais aussi pour soi, l’adulte doit apprendre à interpréter le langage corporel du bébé, pour comprendre ce qu’il veut, et pour aider l’enfant à comprendre qui il est.

La mère et le bébé ne font qu’un. Il n’y a rien qui les distingue l’un de l’autre. C’est une expérience globale.  Il faut bien compter six à huit mois pour que les bébés se dissocient de leur mère. Ils ne reconnaissent pas la mère comme une personne extérieure, mais comme faisant partie d’eux.

Le verbe « développer » contient le préfixe « dé- », qui signifie « défaire ».  C’est-à-dire que l’enfant se développe en se détachant de la mère. Au bout de 6 mois, le développement s’accélère et lal distance augmente aussi. D’après les psychologues et les psychiatres, avant 6 mois, les bébés ne savent pas qu’ils sont nés.

Winnicot disait même que le bébé n’existe pas par lui-même. Le bébé est rattaché à la mère ou à la personne qui s’occupe de lui.

Les premiers mouvements sont des mouvements de réflexe. Ils arrivent sans que  le bébé ne les contrôle ni ne les maîtrise. Ils sont la base à partir desquels le bébé va développer et construire ses propres mouvements. A chaque fois que le mouvement se fait… le bébé se dit : quelque chose bouge en moi.

Peu à peu il va contrôler ses mouvements. Et ce ceci sera le jour où il sera en mesure de dire : je peux me mouvoir.

Lorsqu’il attrape un objet, il sent son propre corps. Il est attentif à son environnement. Il le touche, le sent, le met à la bouche. Il le goûte, le renifle. Et il peut sentir le regard des adultes en saisissant cet objet. Si c’est un regard approbateur ou désapprobateur, si c’est sûr ou dangereux. Et tout cela va lui donner la notion que c’est bien lui qui attrape cet objet à ce moment-là, dans ce contexte émotionnel particulier.

Ces mouvements réflexes donnent la possibilité aux bébés de créer leurs propres mouvements. C’est la même chose avec les sons. Le bébé remarque que son corps produit des sons, et petit à petit, il arrive à les contrôler.

Bien sûr, au début, ce sont des réflexes. Mais au fur et à mesure que la mère interprète ce mode de communication, elle apporte du sens à ce langage.

C’est si beau d’observer un bébé observer les expressions de sa mère, et de voir sa petite bouche tenter d’imiter les mouvements qu’il perçoit sur le visage et dans la voix de sa mère. En commençant par des blabla… mais c’est bien à partir de là que le langage prend forme… dans cette relation qui se crée d’être à être, de personne à personne.

C’est une reconnaissance d’un semblable.

C’est à tour de rôle, il faut parler et savoir écouter.

La manière dont les adultes communiquent entre eux est trop banale. Les bébés aiment que les adultes soient très enthousiastes, très passionnés, qu’ils chantent et rient très fort, et qu’ils réagissent face à eux en disant : « Quel adorable bébé ! ». Le bébé arrive à associer son existence à l’effet qu’il produit sur les adultes. … C’est une contagion fondamentale pour que le bébé entre dans une logique de désir. Qu’il connaisse l’attrait vers le monde des relations partagées, pour le sortir de l’état d’apaisement et de l’état d’aliénation dans lequel il se retrouve. Ce passage n’est pas toujours si facile et naturel qu’on le croit.

Le sentiment de désir est très important chez les êtres humains, car notre capacité à désirer est ce qui nous définit. La possibilité de désirer nous définit en tant qu’espèce, et en tant qu’individus.

Mais le rôle essentiel du parent, est d’aider le bébé à devenir autonome. Tous les individus y arriveront à leur propre rythme. Le bébé doit sa vie à une autre personne, à un autre corps. Il y a tout un processus de séparation de ce corps qui se produit à travers l’accouchement, le sevrage. Durant toute cette période, il est possible que le bébé refuse de se nourrir, refuse de dormir quand les parents le couchent. Car il commence à sentir son propre corps.  Et même inconsciemment, il se met à contrarier ses parents. Et c’est une sorte de bras de fer que les parents perdent toujours. S’il y a bien une chose que les enfants savent faire, c’est fermer la bouche, garder els yeux ouverts ou ne pas faire leurs besoins. Les parents doivent subir leurs caprices, en fixant quelques limites, mais ils ne devraient pas limiter l’autonomie d’un enfant et les laisser disposer de leur corps. Vous n’arriverez à rien si vous tentez de forcer un enfant à manger. Ce n’est pas la solution. Et combien de temps tiendrez-vous ? Mieux vaut proposer au bébé quelque chose sans que vous ayez besoin de lutter. Le bébé doit choisir de le manger s’il en a envie ou s’il a faim. Si vous vous affrontez, le bébé gagnera toujours.

Les limites doivent être mises quand il s’agit de protéger lebébé et les autres du danger, mais il peut aussi décider par lui-même.

Plus vous vous battrez, plus il vous montrera qu’il a le pouvoir, et qu’il peut contrôler son corps.

Ce qui se passe à l’âge de 2 ans, quand ils font ce que nous leur avons dit de ne pas faire, c’est de tenter de comprendre ce qui se passe si je veux quelque chose d’autre que toi. Et le pire à cet âge fatidique, si vous les observez, c’est qu’ils ne font pas ce qu’on leur interdit de faire, mais ils le font parce que vous leur avez interdit.

On s’attend que lors de la première année, l’enfant ait reconnu qu’il existait indépendamment des autres.

Et que ce sentiment de reconnaissance se renforce au cours de la 2e année. C’est là que débute la phase de rébellion, c’est là que l’enfant dit non à tout ce que les parents demandent, mais qui signifie en fait : « Je ne suis pas toi. »

Les personnes qui entourent l’enfant et à travers le jeu, vont l’aider à se façonner. Et le jeu est l’essence même de leur vie. Le jeu est son carburant, c’est comme ça qu’il arrive à comprendre.

Pendant ses deux premières années de vie, l’enfant a plus ou moins deux manières de jouer, qui sont toutes deux très différentes mais complémentaires. La première forme de jeu est de jouer avec les adultes. Pour cela, ils ont besoin des adultes ! D’un adulte qui parle, qui chante, qui rit, qui raconte des histoires. D’un adulte qui les amuse, qui les fasse rire aux éclats. Les jeunes enfants ont besoin d’être stimulés.  La deuxième forme de jeu compte tout autant, c’est le moment où l’enfant joue avec des objets. L’enfant qui est confronté aux objets, éventuellement avec d’autres enfants. Et ce sont ces deux manières de jouer qui préparent l’enfant aux jeux qui l’intéresseront après ses 2 ans, c’est-à-dire, les jeux plus symboliques.

Pourquoi les enfants créent des mondes imaginaires ?

Il sembleraient que le fait d’imaginer des mondes parallèles, ou d’envisage le monde différemment de ce que l’on connaît, soit une des plus grandes aptitudes de l’être humain une fois adulte.

Et quand on y réfléchit, tout ce qui m’entoure a été imaginaire, du point de vue de celui qui vivait dans le Veldt, comme chasseur-cueilleur au début de l’évolution de l’homme. Que ce soit les ordinateurs, les tissus, et les chaises de charpentier… tous ces éléments n’étaient considérés que comme une possibilité. On aurait pu l’imaginer. Donc, lorsque les enfants font semblant, en un sens, ils pratiquent cette aptitude incroyable qu’ont les humains pour envisager le monde sous un nouvel angle par rapport à ce qu’on connaît.

Les humains ont soif de connaissances. Ils veulent en savoir toujours plus. Le souci étant que l’on attend trop d’un apprentissage structuré et formel. Hélas, on a tendance à perdre ce que l’enfant apprend de lui-même.

Une étude démontre que lorsqu’un enfant joue seul et qu’un adulte s’en mêle, l’enfant a beaucoup plus de mal à se concentrer. Son jeu est interrompu et l’enfant est contrarié. C’est parce que lorsque l’adulte intervient pour stimuler l’enfant, il fait intervenir des règles d’adultes.

Si l’enfant joue à la poupée et qu’il veut la sortir par la fenêtre, l’adulte va dire : « il faut passer par la porte. » Et c’est terminé ! Quand on joue, on peut passer par la fenêtre, grimper sur le toit. Jouer, c’est changer les règles, faire marcher son imagination. Il n’y a pas de règles à suivre. Jouer, c’est la liberté totale.

La liberté est en nous, elle ne vient pas de l’extérieur. C’est pas parce qu’un enfant ne parle pas ou ne marche pas qu’il n’est pas libre. La liberté est en nous dès les premiers jours où on vient au monde. C’est bien normal que l’on accède à cette liberté, car c’est la première chose qui donne envie d’apprendre et d’être curieux.

Tous les enfants sont créatifs, de manières différentes. Alors que lorsqu’on observe le monde des adultes, on ne rencontre pas toujours cette créativité. Il faut se demander pourquoi on ne trouve pas toujours cette créativité. Peut-être que c’est dû au fait que la créativité est dangereuse, désobéissante, on se pose trop de questions, ça éveille l’esprit critique.

Il est certain qu’il faut se laisser aller pour connaître la liberté.

Trouver ses racines est un besoin essentiel pour un enfant.

Les enfants doivent se sentir appartenir à une famille, une histoire, un lieu. Leurs vies ne peuvent pas être dues au hasard. Ils ont besoin d’avoir une destinée. Ils forment les personnages d’une histoire et doivent en savoir davantage.  Ce sentiment d’appartenance est crucial pour l’estime de soi, la conscience de soi et pour donner un sens à la vie.

Les parents doivent être attentifs aux mots qu’ils utilisent devant leur enfant au quotidien. Faire attention aux noms que l’on donne aux enfants et à ce qu’ils font. Ces noms, ces mots ont un poids important, une résonance et une signification.

Si ces mots sont emplis de vie, ils auront d’autant plus de retentissement et aideront les enfants à se créer un présent et un avenir.  Evitez les mots désobligeants. Autant que possible, il faut leur donner envie de découvrir des choses, il faut leur apporter la beauté et l’espoir, car c’est ce qui va construire l’opinion de soi de l’enfant.

Ces images sont des apports essentiels pour que l’enfant se découvre lui-même et découvre le monde. Et c’est à travers des histoires qu’elles vont naître.

Toutes les approches psychanalytiques, toutes les sciences du comportement s’accordent pour dire que les premières années de vie sont fondamentales pour la construction de celui qui deviendra un adulte.

Les personnes responsables de cet enfant, qui sont souvent les parents, voire les grands-parents, ont une relation affective avec cet enfant, une relation intime. De cœur à cœur. Et cette relation structure la personne. C’est grâce à toutes ces relations que vous devenez quelqu’un.

Vos rapports avec parents, vos professeurs, vos frères et sœurs,… Ce sont ces relations qui nous permettent de nous construire. Notre identité se construit sur la base de notre entourage.

Xanthippe Lazaridis
13 mars 2020

Article écrit par Xanthippe Lazaridis : condensé de la série sur Netflix « Le commencement de la vie », en anglais « The Beginning of Life ».


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